Les « Big Five marins » en Afrique du Sud, incluant les pingouins africains, sont menacés par la dégradation de l’habitat et les changements écologiques.
Les « Big Five marins » d’Afrique du Sud regroupent cinq espèces emblématiques de la faune côtière : le pingouin africain, le dauphin commun, la baleine franche australe, l’otarie à fourrure du Cap et le grand requin blanc. Ces animaux jouent un rôle crucial dans les écosystèmes marins locaux mais subissent des pressions anthropiques et environnementales croissantes. Alors que les populations de baleines montrent des signes de reprise, celles des pingouins africains connaissent un déclin alarmant, passant de 1,5 million à seulement 30 000 individus en un siècle. Les otaries, en revanche, prolifèrent, créant de nouvelles tensions écologiques. Le cas particulier des requins blancs, attaqués par des orques, illustre la complexité des interactions biologiques et économiques qui caractérisent cet écosystème en mutation.
Pingouins africains : un déclin alarmant
Les pingouins africains (Spheniscus demersus), endémiques des côtes sud-africaines, figurent parmi les espèces les plus menacées des « Big Five marins ». Leur population est passée de 1,5 million au début du XXe siècle à 30 000 individus aujourd’hui, soit une réduction de près de 98 %. Ces oiseaux marins, souvent observés à Boulders Beach, attirent chaque année environ 1 million de visiteurs, générant des revenus touristiques estimés à 15 millions d’euros par an.
Cependant, plusieurs facteurs accélèrent leur déclin :
- Surpêche : La diminution des stocks de sardines et d’anchois, leur principale source de nourriture, les oblige à parcourir de plus longues distances pour se nourrir.
- Prédation accrue : Les otaries à fourrure du Cap dévorent non seulement les poissons mais attaquent également les pingouins.
- Épidémies : Bien que relativement résistants à la grippe aviaire, d’autres maladies émergentes pourraient affecter davantage cette espèce fragile.
Conséquences :
L’extinction fonctionnelle des pingouins africains dans les 10 à 15 prochaines années aurait des impacts écologiques graves, perturbant la chaîne alimentaire marine et affectant les écosystèmes côtiers. Par ailleurs, cela entraînerait des pertes économiques pour les secteurs touristiques et éducatifs.
Les otaries à fourrure : une population en expansion
Les otaries à fourrure du Cap (Arctocephalus pusillus) connaissent une croissance rapide, dépassant aujourd’hui 2 millions d’individus. Bien que leur retour soit un signe de résilience post-exploitation, leur comportement opportuniste pose problème. Ces mammifères marins se nourrissent parfois directement des estomacs des pingouins ou envahissent des zones écologiques sensibles.
Leur abondance crée des déséquilibres :
- Prédation inter-espèces : Des comportements comme le vol de nourriture aggravent les tensions entre espèces.
- Concurrence accrue : En s’appropriant des espaces côtiers, les otaries limitent l’accès des autres espèces marines à leurs habitats naturels.
Conséquences économiques :
Bien que leur présence attire des touristes, les interactions négatives entre otaries et pingouins suscitent des défis pour les gestionnaires d’écosystèmes. Des solutions, telles que la régulation des populations ou la réhabilitation d’habitats, coûtent cher et nécessitent un investissement estimé à 5 millions d’euros par an.
Grands requins blancs : une espèce en danger
Autrefois emblématiques du tourisme à Gansbaai, les grands requins blancs (Carcharodon carcharias) sont en forte diminution. La présence de deux orques, surnommées Port et Starboard, a conduit à une baisse de 50 % de la population de requins blancs depuis 2017. Ces orques ciblent les foies des requins, riches en nutriments, causant des pertes biologiques et économiques.
L’industrie du plongée en cage, qui générait environ 20 millions d’euros par an, souffre de cette diminution. Les opérateurs, contraints de proposer des alternatives comme l’observation des requins bronze (Carcharhinus brachyurus), peinent à maintenir leur attractivité.
Conséquences écologiques :
La disparition des requins blancs modifie l’équilibre de la chaîne trophique marine, augmentant les interactions humaines avec d’autres espèces, telles que les requins bronze, souvent plus agressifs.
Baleines franches et dauphins communs : des signes d’espoir
Les baleines franches australes (Eubalaena australis) et les dauphins communs (Delphinus delphis) montrent des signes encourageants de reprise. Depuis la fin de la chasse à la baleine, la population de baleines franches croît de 7 % par an, atteignant aujourd’hui environ 12 000 individus. Ces cétacés attirent des milliers de touristes entre juin et septembre, générant des revenus touristiques annuels de 10 millions d’euros.
Les dauphins communs, connus pour leurs comportements sociaux, prospèrent grâce à la richesse des eaux côtières sud-africaines. Cependant, la pollution plastique et les captures accidentelles dans les filets de pêche demeurent des menaces persistantes.
Perspectives :
Le suivi scientifique et la conservation accrue sont nécessaires pour stabiliser ces populations. Les initiatives locales, telles que celles menées par Marine Dynamics, jouent un rôle clé dans ces efforts.
Préserver les écosystèmes côtiers : une responsabilité collective
La préservation des « Big Five marins » dépend d’une gestion intégrée des écosystèmes marins et côtiers. Des initiatives comme celle du Grootbos Private Nature Reserve, qui protège 3 500 hectares de fynbos, montrent qu’il est possible d’allier écotourisme et conservation. Ces efforts incluent la replantation d’espèces indigènes, la réduction de l’empreinte carbone et la sensibilisation des communautés locales.
Pour renforcer la résilience des écosystèmes, il est crucial d’allouer des ressources à :
- Programmes éducatifs : Informer les visiteurs sur les impacts de leurs activités.
- Réduction de la surpêche : Instaurer des quotas de pêche pour préserver les ressources alimentaires des espèces marines.
- Lutte contre la pollution : Réduire les déchets plastiques dans les océans.
Les « Big Five marins » illustrent les défis complexes auxquels sont confrontés les écosystèmes côtiers sud-africains. Leur préservation nécessite une action collective et des politiques robustes pour garantir leur survie et celle des industries locales qui en dépendent.