Pour comprendre les mécanismes techniques derrière l’échouage des dauphins, causes naturelles et humaines, et les chiffres clés actuels.
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L’échouage des dauphins survient à la suite de causes multifactorielles : captures accidentelles dans des engins de pêche (près de 90 % des cas sur la côte atlantique), perturbations sonores, maladies, orientation magnétique altérée ou modifications de leurs proies. En France, entre 1990 et 2019, près de 27 000 individus ont été recensés échoués, avec une prédominance de dauphin commun. En hiver 2023‑2024, on a relevé jusqu’à 938 échouages de petits cétacés, dont une proportion marquée de captures par pêche. La protection passe par des mesures réglementaires, des dispositifs de réduction des captures accessoires, et une intervention rapide du Réseau National Échouages.
Les causes principales des échouages de dauphins
Les données montrent que la capture accidentelle dans des engins de pêche est la cause prioritaire des échouages de dauphins communs sur la côte atlantique, représentant environ 90 % des cas selon des examens nécropsiques : les animaux, souvent pris dans des filets calés ou chaluts, coulent, s’asphyxient, puis dérivent jusqu’au littoral. Ces échouages ne reflètent qu’une fraction de la mortalité réelle : on estime entre 5 000 et 10 000 morts en mer pour 1 000 échouages recensés par an.
Les examens du Réseau Pelagis confirment que les captures restent majoritaires : en 2021, 87 % des 284 dauphins échoués portaient des marques de capture. Le rapport 2023 fait état de 1 776 cétacés et 403 pinnipèdes pris en charge, avec des analyses approfondies (niveaux 3‑4) confirmant souvent la capture comme cause principale, bien que certaines morts restent indéterminées.
Ce constat est renforcé par les bilans hivernaux : durant l’hiver 2023‑2024, on a recensé 938 échouages sur les côtes Atlantique + Manche, dont 851 morts, et 186 animaux présentaient des traces de capture ; 176 morts sur Atlantique+Manche.
Ces chiffres illustrent une pression intense exercée par la pêche sur les populations de dauphins, particulièrement en hiver, quand le chevauchement des zones de pêche et de chasse aux proies est maximal. L’usage de pingers (dispositifs acoustiques visant à repousser les cétacés des filets) est répandu, mais leur efficacité reste partiellement validée, et ils ne compensent pas l’absence de fermeture des engins les plus dangereux.
Les facteurs naturels et perturbations sonores
Au-delà des causes anthropiques, plusieurs phénomènes naturels ou environnementaux entrent en jeu. Les maladies ou l’état de santé des animaux peuvent les rendre vulnérables : épuisement dû à des tempêtes, troubles sanitaires comme le Morbillivirus (atteignant les dauphins bleu et blanc), favorisent l’affaiblissement et les déplacements dans des eaux peu profondes.
Un autre facteur évoqué est la désorientation magnétique : certains cétacés pourraient s’orienter grâce au champ magnétique terrestre, mais des anomalies (tempêtes solaires, perturbations géomagnétiques) pourraient leur faire perdre leur voie ; la présence de magnétite dans leurs méninges renforce cette hypothèse.
Les pollutions sonores, notamment sous-marines, perturbent l’écholocation, principale modalité sensorielle des cétacés. Les sonars militaires, les forages ou les prospections pétrolières peuvent désorienter profondément les dauphins, ou provoquer des lésions internes comparables à des accidents de décompression. La bio-acoustique est un domaine actif : en Catalogne, on met au point des appareils portables pour évaluer les pertes auditives in situ.
Par ailleurs, les tempêtes sonores, les vagues de chaleur océanique ou les bruits impulsifs de navigation commerciale augmentent les collisions ou détresses. En Méditerranée, le trafic maritime intense (25 % du commerce mondial) accroît le risque de blessures graves chez les cétacés : collisions avec étraves ou hélices sont souvent mortelles. Des études indiquent que jusqu’à 20 % des individus échoués présentent des traumas liés aux collisions, et que plus de dix rorquals communs meurent chaque année en Méditerranée à cause de ce type d’incidents.
Chiffres et évolution des échouages en France
Les statistiques nationales montrent une augmentation globale des échouages depuis les années 1990. Entre 1990 et 2019, près de 27 000 individus échoués ont été recensés en France métropolitaine, auxquels s’ajoutent 1 280 échouages dans les territoires d’outre‑mer.
Depuis 1990, on estime au total 31 800 mammifères marins échoués sur les côtes métropolitaines. Le dauphin commun représente 39 % des cas, suivi du marsouin commun (14 %) et du dauphin bleu et blanc (8 %). La façade atlantique concentre environ 73 % des échouages (35 % sud‑atlantique, 38 % nord‑atlantique/Manche) ; la Manche‑Nord et la Méditerranée comptent respectivement 19 % et 8 %.
Le rapport 2023 indique 1 776 cétacés et 403 pinnipèdes pris en charge, avec neuf échouages en masse impliquant quatre espèces, dont le dauphin commun (18 individus, 4 événements), le grand dauphin (24 individus, 3 événements), le dauphin bleu‑et‑blanc (3 individus) et le dauphin de Risso (2 individus).
Le suivi s’étend à l’outre‑mer avec des signalements rares mais significatifs : petit rorqual antarctique en Guyane, cachalot pygmée en Guadeloupe, avec une diversité d’espèces abyssales observées.
Enfin, les bilans hivernaux récents montrent que 938 échouages de petits cétacés ont été enregistrés entre décembre 2023 et mars 2024, dont 186 portaient des traces de capture, ce qui confirme une très forte pression humaine sur ces espèces pendant les périodes critiques.
Les conséquences, enjeux et mesures
Les données révèlent une surmortalité préoccupante, notamment chez le dauphin commun. Cette mortalité, souvent liée à la pêche, compromet la durabilité des populations, d’autant plus que les cétacés ont un cycle de reproduction lent et une longévité élevée : toute perte additionnelle peut avoir un impact démographique majeur.
Les conséquences écologiques peuvent se traduire par des déséquilibres trophiques, avec un excès de proies ou une baisse de leur contrôle naturel. De plus, cette mortalité touche des espèces déjà vulnérables ou en déclin : le dauphin commun régresse de 5,5 % par an, ce qui pourrait conduire à un effondrement en quelques décennies.
L’intervention humaine prend plusieurs formes : fermetures temporaires d’engins à risque (zone CIEM VIII, entre janvier‑février), utilisation de pingers, même si leur efficacité reste discutée, logiciels de détection (comme REPCET) sur navires en Méditerranée pour éviter les collisions.
La législation française classe tous les cétacés comme espèces strictement protégées (arrêtés de 1970, 1995, 2011), avec obligations pour les navires (dispositifs anticollision, aménagement du littoral).
L’impact scientifique est non moins important : chaque échouage, même fatal, peut contribuer à la compréhension des causes et à la mise en œuvre de prévention ciblée. Le Réseau National Échouages, coordonné par Pelagis, avec ses bénévoles, vétérinaires et scientifiques, joue un rôle central dans le suivi, l’analyse, et l’intervention urgente.
